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Littérature


LA DISPARITION

Publié par François Auberoche sur 16 Février 2015, 08:00am

LA DISPARITION

Adeline courut aussitôt sur le quai en sprintant telle Christine Arron lors du cent mètres qu’elle gagna en 10 secondes 73, le 19 août 1998 à Budapest. Ce fut le record d’Europe féminin ! Adeline battit-elle cette performance ? C’est fort possible Claire, qui fut distancée en quelques secondes, en fut persuadée. Elle n’aperçut qu’une traînée lumineuse qui plongea aussitôt dans le port, là où Antoine avait disparu. Claire arriva essoufflée quelques secondes plus tard, enleva son T-shirt, son short et ses sandales et plongea à son tour dans les eaux noires du port.

Elle nagea avec vigueur vers le fond du chenal qu’elle atteignit rapidement. Il ne devait pas y avoir plus de deux mètres de fond. Elle essaya de voir quelqu’un ou quelque chose, mais elle ne vit que les coques sombres des bateaux qui étaient à l’amarre au-dessus d’elle. Elle regagna la surface pour regarder si elle voyait quelqu’un. Elle aperçut alors la tête d’Adeline qui crawlait dans sa direction avec le style et la vitesse de Laure Manaudou à sa grande époque.

S’accrochant à l’échelle d’une vedette, elle tendit le bras à Adeline et l’aida à sortir de l’eau. Cette dernière s’exclama aussitôt :

  • Antoine a été enlevé par un poisson. Il nous faut du secours !
  • Quoi ! s’écria une voix féminine. Qu’est-il arrivé à Antoine ?

Adeline et Claire découvrirent alors sur le quai, Basile accompagné de sa mère et du compagnon de cette dernière. Adeline s’adressa rapidement à eux :

  • Bonsoir Madame. Oui, Antoine a été attiré dans l’eau par une créature que je n’ai pas bien vue. Celle-ci était sur un énorme poisson, plus grand que moi. Ils sont partis à toute vitesse vers la sortie du port et ont filé dans le chenal.
  • Vous êtes sûre d’avoir bien vu Mademoiselle ? demanda l’homme sceptique.
  • Oui Monsieur, ils étaient près de la surface et j’ai pu les observer. La créature qui tenait Antoine était très sombre, pas noire mais bleu marine. Elle ressemblait à une femme mais ne paraissait pas normale. Le poisson faisait près du double de la taille d’Antoine, il avait une tête de chat énorme, avec deux gros barbillons* comme de grosses moustaches. D’autres barbillons pendaient sous ses lèvres. Il avait des nageoires latérales et bizarrement une longue nageoire ventrale qui allait jusqu’à une queue verticale. Il nageait très, très vite.
LA DISPARITION
  • Un silure* ! s’exclama la mère de Basile. Vous nous décrivez un énorme silure. J’en ai vu dans le Rhône. Je ne croyais pas qu’il y en avait dans ce lac.
  • J’appelle la gendarmerie, dit l’homme. Il faut un hélicoptère et des plongeurs. En les attendant nous allons patrouiller sur le lac.
  • Je reste ici, dit Basile. Il faut prévenir Gwennaëlle de ce qui est arrivé.
  • Qui est Gwennaëlle ? demanda Adeline.
  • L’ondine que nous avons vue tout à l’heure avec Antoine. Elle sait peut-être où il est.

Adeline et les deux adultes voulurent s’échanger leurs numéros de téléphone, mais celui d’Adeline avait pris l’eau et ne fonctionnait plus. Ils convinrent de se retrouver rapidement à la maison de Claire. D’après Basile, ils n’avaient vu aucun nain, ceux-ci avaient dû se cacher en voyant les adultes. Tout en se dirigeant vers leur cachette, Basile raconta à Adeline et à Claire ce qui s’était passé. Il l’avait déjà raconté à sa mère qui n’en avait pas cru un mot. Adeline qui avait vu le poisson et la créature, sans doute une ondine, admit volontiers l’histoire de Basile. Elle se doutait bien que les actions d’éclat du narrateur, telles qu’il les décrivait, devaient être un peu exagérées. Se méfiant des nains, le trio avançait rapidement en regardant bien de tous les côtés si la voie était libre.

Guidées par Basile, Adeline et Claire arrivèrent vite à l’arbuste* qui avait servi de refuge aux garçons. Se glissant sous les branches elles s’approchèrent de l’eau avec Basile. Celui-ci siffla à ras de l’eau, Gwennaëlle arriva presque aussitôt. Basile présenta rapidement les deux jeunes filles à la naïade et Adeline expliqua à celle-ci qu’Antoine avait été enlevé certainement par une ondine montée sur un énorme poisson, sans doute un silure. Gwennaëlle s’exclama :

  • Les silures sont les alliés des nains ! Ils sont arrivés avec eux cet hiver. Comment ? Je ne sais pas. Je crois que des hommes les ont aidés. Mais que faisait une consœur* sur ce monstre ?
  • Peut-être que c’est une alliée des nains, avança Adeline.
  • Elle doit vouloir être calife* à la place du calife*, proposa Claire.
  • J’avoue ne pas comprendre, dit Gwennaëlle.
  • Claire a raison, ça explique tout ! répondit Adeline. L’une d’entre vous veut la place de la reine, elle a dû s’entendre avec les nains pour qu’ils volent le sceptre. Ils devaient le lui donner pour qu’elle devienne votre reine. En échange, elle a certainement promis une récompense aux nains.
  • Mais oui, nous avons plein de diamants dans le trésor royal, s’écria Gwennaëlle. Ils ne nous servent à rien et nous savons tous que les nains raffolent des diamants.
  • Bon, dit Adeline, nous avons le mobile. L’important est de sauver Antoine. En espérant qu’il ne se soit pas noyé, chuchota-t-elle à l’oreille de la naïade pour que Claire ne l’entende pas.
  • Vous avez raison. Suivez-moi vite, dit Gwennaëlle en plongeant.
  • Elle est dingue cette fille s’exclama Basile. On ne va pas la suivre sous l’eau. On va se noyer.
LA DISPARITION

L’ondine revint à la surface et leur expliqua rapidement qu’elle avait entendu Basile et qu’ils pourraient respirer sans problème. Ils plongèrent donc dans les eaux qui devenaient très sombres avec la tombée de la nuit. D’autres naïades les entourèrent et leur mirent sur la tête une grosse bulle transparente de la taille d’une citrouille. Elles poussèrent fortement et leur tête entra sans peine dans la bulle. Celle-ci se referma au niveau de leur cou, empêchant l’eau de pénétrer. Gwennaëlle leur expliqua que cette bulle était faite d’une matière qui permettait à l’air dissous dans l’eau de rentrer et au gaz carbonique de sortir. Leur respiration était assurée et le trio allait pouvoir escorter les ondines dans leur recherche.

LA DISPARITION


Toutes les naïades étaient armées, soit de tridents* soit de glaives et elles proposèrent des armes au trio d’humains. Claire et Adeline prirent chacune un trident et Basile un glaive. A ce moment, trois carpes de près d’un mètre de long s’approchèrent. La naïade les présenta comme leur monture.

  • Montez sur leur dos, devant leur nageoire dorsale. Nous allons les équiper de brides où vous pourrez vous tenir. Vous irez ainsi à la même vitesse que nous.
LA DISPARITION

Pas trop rassurés, les trois humains s’accrochèrent à leur monture et s’efforcèrent de ne pas lâcher prise quand celles-ci se mirent à nager. Les grands coups de queue des carpes avaient tendance à les déséquilibrer et leur ventre arrondi ne permettait pas d’avoir une bonne prise avec les genoux.

  • Je trouvais que l’équitation n’était pas facile, dit Claire. Mais la carpe c’est pire.
  • Nous n’avons encore rien vu, la prévint Adeline. Les carpes sont réputées pour leurs sauts.
  • Mince, s’écria Basile. J’aurais dû partir avec Maman.
  • Ne vous en faites pas, intervint Gwennaëlle. C’est vrai que les carpes sautent souvent hors de l’eau, mais je leur ai dit de ne pas sauter, sauf danger.
  • Je suis sûre qu’il y aura du danger, dit Claire en riant.
  • Pessimiste ! s’esclaffa Adeline.
  • Non ! Optimiste, j’ai déjà vu des sauts de carpe en gymnastique, c’est très beau.

Pendant qu’ils parlaient les poissons étaient sortis du petit bras secondaire et se trouvaient dans le lac, à la hauteur de l’embouchure du craste* du pont des tables. Deux brochets en sortirent rapidement, vinrent trouver Gwennaëlle et foncèrent vers le centre du lac. Tous les poissons suivirent à toute vitesse. Adeline demanda ce qui se passait à la naïade.

  • Ils ont vérifié au port. Un silure y était bien tout à l’heure avec une ondine, un jeune humain et un nain. Ils sont partis vers le centre du lac. Nous les suivons.
  • Comment était Antoine ? la questionna Claire.
  • Vivant ! Le brochet est formel. Sinon il aurait dit : un cadavre. Les brochets ont un odorat exceptionnel.

A ce moment tous entendirent le bruit d’un gros moteur de bateau qui venaient vers eux. Les poissons plongèrent loin sous la surface pour éviter l’hélice. Basile s’exclama :

  • C’est le bateau de Maman ! Je reconnais le bruit du moteur.


Les poissons, après avoir évité la vedette revinrent à un mètre de la surface et se dirigèrent plein sud vers l’autre bout du lac en nageant à toute allure.

LA DISPARITION

Avec la vitesse nos amis étaient gelés et leurs doigts glacés avaient de la peine à s’accrocher aux brides. En dix minutes à peine le milieu du lac fut atteint, les poissons ralentirent et obliquèrent vers le sud-est.

 

Un des brochets vint trouver Gwennaëlle qui après quelques instants s’approcha des trois carpes et dit aux humains :

  • Les brochets sont formels, le silure a bifurqué vers notre gauche et doit se trouver dans un bras étroit sur la rive est du lac.
  • C’est encore loin ? demanda Adeline. Je suis gelée, je ne sais pas si les enfants vont pouvoir tenir longtemps.
  • Nous y serons d’ici cinq minutes. Nous attaquerons à toute vitesse pour les surprendre et sauver Antoine. Vous vous réchaufferez dans quelques instants.

Les poissons accélèrent aussitôt sur un geste de Gwennaëlle, pénétrèrent dans une crique mais durent ralentir pour prendre un petit chenal.

A la sortie du chenal qui débouchait sur un étang, un des brochets de tête vint trouver l’ondine. Celle-ci fit signe au trio d’humains de rester sur place et fonça avec les brochets vers une anse au nord. Le trio n’eut pas à s’inquiéter longtemps, la naïade en sortit aussitôt et appela les carpes qui vinrent la retrouver immédiatement.

LA DISPARITION


Gwennaëlle fit signe au trio de laisser les poissons et de rejoindre la surface. Là, elle sortit d’un sac trois serviettes et les leur donna.

  • Séchez-vous bien. Je reste dans l’eau et je vous explique, dit la naïade.
  • Comment va Antoine ? demandèrent en même temps Adeline et Claire, après avoir enlevé leurs bulles.
  • Antoine est vivant, dit aussitôt l’ondine. Le silure est mort, l’ondine est assommée. Antoine est sorti de l’eau, vous allez devoir le retrouver.
  • Comment cela s’est passé ? demanda Adeline.
  • Nous ne savons pas. Le silure a eu le crâne enfoncé avec un objet très dur, genre massue. Nous demanderons à Arielle, la naïade qui a été assommée, ce qui s’est passé. Pour Antoine, nous ne savons pas où il est, les brochets l’ont pisté jusqu’à la rive. Suivez le bord, je vais vous guider.

Le trio trio longea la berge à la hauteur de Gwennaëlle qui s’arrêta cinquante mètres plus loin.

  • D’après les brochets, il serait sorti ici, dit l’ondine. Voyez-vous quelque chose ?
  • Non rien, il fait trop sombre. La nuit est tombée maintenant.
  • Revenez en arrière, je vais faire du feu. Ça vous séchera et vous pourrez éclairer le sol.

De son sac miracle, Gwennaëlle tira bientôt un briquet qu’elle confia à Adeline. Celle-ci avec l’aide de Claire et de Basile ramassèrent vite du bois mort et quelques instants plus tard un feu d’enfer crépitait qui permit aux trois humains de se sécher et de se réchauffer. Adeline était intriguée qu’une naïade possède un briquet. Cette dernière se mit à rire :

  • Nous, les naïades mangeons du poisson et nous sommes comme vous les humains, nous aimons bien le poisson grillé. C’est pourquoi, après nous être embêtés pendant des millénaires avec des moyens rudimentaires*, nous avons adopté vos briquets. Maintenant que vous êtes secs, allons voir si nous trouvons des traces d’Antoine.

En quelques instants, les trois humains eurent chacun une torche et explorèrent les berges. Très vite, ils aperçurent des traces de pas sortant de l’eau et se dirigeant vers le nord. Aucune trace du nain n’était visible, seules des empreintes de pas correspondant à Antoine se distinguaient. Adeline demanda à l’ondine de faire son possible pour prévenir la mère de Basile ; dit à Claire et à Basile de la suivre et se mit en marche pour retrouver Antoine en se demandant ce qui lui était arrivé.

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